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Point de vue

On est 19 000… permis de se mobiliser

 
11 juin 2024 | Par Robert Dion

Un secteur aussi important que celui de la restauration qui affiche si peu de mobilisation, c’est triste ! Peu importe les associations, les tables de rencontre ou les événements mobilisateurs, l’industrie n’est pas au rendez-vous quand vient le moment de montrer sa grandeur. Vous êtes certes disponibles pour visiter un salon de ventes ici et là, mais quand vient le temps de faire entendre votre voix, c’est le silence total.

Prenons en exemple la bataille autour des frais de réservation. Il y a bien eu quelques sorties dans les médias, et des posts sur les réseaux sociaux s’affichent à l’occasion. Pourtant, selon des chiffres avancés dernièrement, on parle de pertes de 100 000 $ par année et jusqu’à 30% d’annulations dans les restaurants.

Ce fléau est omniprésent dans les discussions de l’industrie depuis un bon 10 ans. Mais qu’avez-vous fait pour vous exprimer dans ce dossier ? À part ajouter en douce sur vos plateformes des frais de réservation, comment avez-vous manifesté votre désir de changement ?

Ce ne sont pas les moyens qui manquent ; c’est la détermination ! Si les pertes liées aux annulations ou autres frais sont vraiment une question de survie et de rentabilité, ça mérite bien un peu de temps dans votre horaire.

L’importance de consacrer du temps à la coopération pour dynamiser et unifier l’industrie n’est pas à prendre à la légère non plus. On est disponible pour une soirée de gala organisée par une bonne œuvre ou on donne du temps et des produits (et même des repas), mais on ne dispose pas de temps pour faire une lecture sur les sujets d’actualité ou de formation ?

Vous, les restaurateurs indépendants, êtes beaucoup plus puissants que l’ensemble des chaînes et groupes quand vous arrivez à parler d’une même voix. Faites-vous entendre. Pour cela, vous devez être informés et vigilants – cela passe notamment par un abonnement à notre infolettre et par un suivi de l’actualité de l’industrie. Sans être la ressource ultime, HRImag est à mon avis un point de départ incontournable pour les gens de notre industrie qui souhaitent évoluer.

J’espère que les prochaines années seront celles de propriétaires, exploitants, dirigeants et acteurs du secteur plus impliqués et professionnels, qui chercheront à faire autrement que ce qui a toujours été fait !

 
 
Dossier

Travailler en famille

 
4 juin 2024 | Par Marie Pâris, Bastien Durand

Les familles sont nombreuses dans l’industrie des HRI. Mais que l’on travaille en couple, que l’on forme la relève familiale ou que l’on fasse des réunions de trois générations, l’aventure de l’entreprise familiale comporte de nombreux défis – et des avantages ! Zoom sur trois familles bien différentes, mais tout autant intéressantes.

Sophie Allaire et Étienne Demers : la belle équipe

En juillet, ça fera cinq ans que « la belle histoire » a débuté. Enfin, sept ans si l’on remonte à la rencontre entre Sophie Allaire, 34 ans, et Étienne Demers, 39 ans, aujourd’hui amoureux et copropriétaires du restaurant La Belle Histoire à Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, dans les Laurentides. « Dès le début, on savait qu’on avait deux rôles distincts mais complémentaires pour monter notre affaire », note Sophie.

Elle est sommelière, il est cuisinier : l’accord mets et vins est une évidence, et ils décident d’ouvrir un restaurant. Leur couple, qui a jeté son dévolu sur les murs de l’ancien Bistro à Champlain, s’est bâti autour de ce projet qui mène aujourd’hui leur vie. « On a eu la même vision au départ. Je me souviens qu’au moment de choisir la vaisselle, les mêmes envies sont venues, sans qu’on se concerte. C’était bien parti ! » sourit la sommelière.

Une rigueur indispensable

Les forces de chacun se sont affirmées au fil du temps. Titulaire d’un baccalauréat en communication, Sophie prend les devants en matière d’événementiel et de réseaux sociaux. Étienne, diplômé de l’ITHQ en gestion d’un établissement de restauration, s’occupe plutôt de la comptabilité. « On prend aussi une journée par semaine ensemble pour répondre aux clients et faire le travail de bureau », explique le chef.

La rigueur est la clé pour réussir. « Ça vient avec une organisation réfléchie. Il ne faut pas avoir peur d’essayer des choses, et les erreurs sont fréquentes, surtout au début », assure sa conjointe. L’ouverture du restaurant, la pandémie… Sophie et Étienne ont relevé ensemble beaucoup de défis. « Si tout avait été un combat, ce n’aurait pas valu la peine d’essayer », pense la copropriétaire.

Les chicanes arrivent quand même. Mais pour le couple, l’important est de savoir distinguer celles qui relèvent du stress au travail de celles qui sont plus personnelles. « Les moments où l’on s’accroche, c’est lorsqu’on n’a pas les mêmes difficultés pendant le service. On a du mal à se comprendre et on défend notre staff, évoque Sophie. La pression redescend assez vite, heureusement… »

« Avoir au moins un soir pour nous »

Pour le duo de passionnés, le plus compliqué est de trouver du temps à passer ensemble. « Il y a quatre soirs sur sept où l’on mange avec notre équipe au resto, mais on essaie d’avoir un soir pour nous deux dans la semaine », note Étienne. Le chef, qui est père, compose en outre avec une garde alternée. « Le fait de ne pas ouvrir en début de semaine me permet de voir ma fille dans son quotidien, à l’école ; et quand elle est avec nous, elle vient au resto… »

En raison de pas loin de 12 heures de travail par jour, le piège est de ramener la job dans la chambre à coucher. « On essaie de couper, mais il y a des moments stressants où le restaurant s’immisce dans notre vie privée. C’est notre réalité aussi. »


Les Germain : la dynastie hôtelière

À l’âge de 14 ans, Hugo Germain, fils aîné de Jean-Yves Germain, cofondateur de la bannière hôtelière éponyme, écrit dans une carte de Noël à l’attention de son père : « J’ai hâte d’aller travailler avec toi ! ». « Ce qu’il faisait avait l’air le fun… », raconte celui qui s’occupe aujourd’hui des opérations des hôtels Germain au Canada. Germain, c’était à l’origine une petite tabagie fondée par les grands-parents de Hugo dans les années 1950, affaire qui s’est ensuite orientée vers l’immobilier et la restauration. Une vingtaine d’années plus tard, Jean-Yves et sa sœur Christiane amènent l’entreprise vers l’hôtellerie.

Aujourd’hui, en plus de Hugo, la bannière compte trois autres Germain de la troisième génération : Laurie, vice-présidente aux ressources humaines, Clarah, directrice de l’expérience client, et Marie Pier, vice-présidente des ventes et du marketing. « Et on a plein d’enfants qui seront un jour peut-être impliqués dans Germain Hôtels », rit Hugo en détaillant l’arbre généalogique.

Les cousins arpentent les corridors des hôtels familiaux depuis leur plus jeune âge, tantôt accompagnant leurs parents dans leur tournée des restaurants, tantôt jouant à la réception ou dans la buanderie. « On a vu comment nos parents interagissaient avec tous les contributeurs dans l’entreprise et on a compris que la réussite ne venait pas sans le respect des artisans. En comprenant ça le plus jeune possible, ça évite de faire des erreurs plus tard, ça donne de la crédibilité auprès des collaborateurs et ça aide à évoluer, explique Hugo. Prendre le temps de passer par les cuisines quand on va dans un hôtel, aller dire bonjour à la gang… Ce sont des détails qui font la différence à la fin, qui permettent d’avoir un meilleur contact avec les gens. J’essaie d’inculquer ça aussi à mes enfants. »

Apporter son bagage à l’hôtel

Le fossé générationnel avec leurs parents et oncle ou tante, les cousins ne le sentent pas. Chacun fait valoir son avis, mais si une idée ne passe pas, ça n’est jamais à cause d’une incompréhension liée à l’écart d’âge. « Nos parents ont l’innovation tatouée sur le cœur ! s’exclame Marie Pier. Ils ont toujours été le genre de personnes à se lever le matin avec un million d’idées et à être très ouverts aussi à celles des autres. »

Les cousins Germain sont donc des « enfants de ». « Et ça va toujours être un enjeu ; c’est ça aussi, la réalité d’une entreprise familiale », reconnaît Marie Pier. Raison de plus pour faire valoir son expertise personnelle. La responsable des ventes et du marketing a notamment suivi des études en génie mécanique, « justement pour faire autre chose » que sa mère Christiane. « Finalement, j’ai réalisé que ce que j’avais appris pourrait être utile à Germain Hôtels. C’est ça qui m’a motivée à venir dans l’entreprise. »

Certes, les enfants connaissent la bannière de l’intérieur depuis toujours, mais ils tiennent aussi à amener chacun leurs connaissances personnelles pour y contribuer d’une façon différente des autres. Hugo évoque ses deux frères cadets, l’un étudiant à HEC, l’autre travaillant dans un cabinet de comptabilité et finance : « C’est une sage approche que de vouloir apprendre, d’aller voir ailleurs et d’aller chercher de l’expérience… Et naturellement, si un jour ils souhaitent se joindre à l’entreprise, ils auront la possibilité de le faire. » L’objectif, c’est « d’agrandir le coffre à outils ».

Une famille d’abord

Le modèle leur vient de la génération précédente : Christiane aux opérations et au marketing, et Jean-Yves, l’architecte financier, au développement et au volet construction. « Ils ont vraiment su développer leurs compétences respectives au fil du temps, tout en se rejoignant sur les valeurs. C’est ça, leur force », résume Marie Pier.

Parmi ces valeurs, il y a la famille, justement. « Passer Noël ensemble a toujours été très important pour nous », insiste-t-elle. Les collègues essaient de ne pas trop parler de travail en famille, mais quand ça arrive, c’est correct aussi. « On a beaucoup de plaisir à partager ça avec tout le monde. Et ça reste une business très accessible : tout le monde va à l’hôtel, tout le monde mange au restaurant… C’est le fun d’avoir l’opinion des autres », justifie Marie Pier.

Celle-ci préfère à l’expression « entreprise familiale », qui a une petite connotation de mom-and-pop shop, celle de « famille en affaires ». Il reste que, chez les Germain, travailler ensemble n’est pas une obligation, soulignent les deux cousins. C’était plutôt « une suite naturelle » pour Hugo, qui est arrivé à la bannière après trois ans au service de Krispy Kreme. « On n’élève pas nos enfants en leur répétant qu’ils se joindront à la bannière un jour, conclut Marie Pier. Nos parents ne nous l’ont jamais imposé non plus ; ça a toujours été un choix. »


Les Maltais : la famille Dooly’s

« Quand mon grand-père était aux manettes, on faisait nos fêtes ici, surtout pour le Premier de l’an. » Louis-Charles Maltais, 31 ans, propriétaire du Dooly’s Ste-Foy Duplessis, à Québec, est la troisième génération des Maltais à gérer l’entreprise depuis 1997. « Petit, je disais déjà que je voulais faire ça. » Le début de l’aventure familiale a commencé un peu par hasard. « J’ai voulu faire changement de la mécanique auto. J’en avais mon voyage… », confie Réal Maltais, 83 ans. Ami d’un gérant de salle de billard, il est tombé dedans sur le tard, à 57 ans. Une opportunité.

Pour « apporter » au commerce, le grand-père devient franchisé Dooly’s en 2002. « C’était quand même une bonne idée. Si on regarde aujourd’hui, les petits commerces sont tous regroupés. Dans le temps, on était un peu des précurseurs », lance Yves Maltais, 59 ans, qui a repris le Dooly’s de son père en 2008 après avoir quitté une « belle situation » en tant qu’ingénieur.

« Même si la décision a été difficile, ce changement de vie a été mon choix ; mon père ne m’a pas forcé, rapporte Yves. Tout entrepreneur rêve de garder son commerce dans la famille. » Malgré des amplitudes horaires beaucoup plus importantes, il savait dans quoi il embarquait, et l’idée d’avoir sa propre affaire l’a séduit.

« Chacun apporte sa force »

L’avantage du travail en famille, c’est que la passation se fait en douceur. « Je l’appelais quand j’en avais besoin, surtout au début ; mais ça a duré plusieurs années », confie le père de Louis-Charles, qui a optimisé la comptabilité du Dooly’s en mettant en place des outils informatiques plus performants. « C’est sûr que mon bagage d’ingénieur m’a aidé, confie Yves. Chacun apporte sa force. »

Louis-Charles avait 15 ans lorsque son père a repris le Dooly’s. Ce dernier a anticipé. « Je lui avais mis des contraintes », se souvient Yves. Il n’était pas réticent à ce que son fils reprenne l’affaire, comme il l’avait fait lui-même de son père, mais il voulait que son fils ait un minimum de formation. Après des tergiversations, Louis-Charles obtient un bac en administration et commence par travailler ailleurs qu’au Dooly’s, qu’il aime pourtant énormément. « Je n’ai pas vraiment eu le choix », note le fils. « Le deal, c’était que je lui dise lorsqu’il serait prêt ; on pourrait alors amorcer la passation ensemble » , raconte son père. En 2019, Louis-Charles était mûr.

Un attachement à vie

Comme 11 ans auparavant, la reprise s’est faite progressivement entre père et fils. « Au début, je suis resté en retrait », explique Yves. « Il y a aussi un sentiment d’attachement : c’est partie prenante de la vie de chacun », pense de son côté Louis-Charles, qui raconte que son grand-père venait encore travailler les dimanches pour jaser avec les clients.

« C’est peut-être un peu trop, parfois, réfléchit Yves. Je pense qu’on a cet aspect critique, et même si on veut donner des conseils, on en fait trop. » Un projet d’agrandissement du restaurant étant en cours, les plans de construction et les discussions avec le franchiseur se font en famille. Assis entre son grand-père et son père, Louis-Charles tourne la tête à droite, puis à gauche. « J’ai tout de même un devoir de réussite », rit-il.


Quelques familles de l’hôtellerie québécoise

  • Les Girard (Château Laurier, Québec)
  • Les Antonopoulos (Groupes Gray Collection et Corner Collection)
  • Les Milot (Le Dauphin de Drummondville)
  • Les Robitaille (Hôtels JARO)
  • Les Rioux (Hotel Riotel)

Quelques familles de la restauration québécoise

  • Les Abbatiello (Pizza Salvatoré)
  • Les Wolfe (Mandy’s)
  • Les Papagiannis (Restaurants Lafleur)
  • Les Martin (Restaurants Saint-Hubert)
  • Les Benny (Restaurants Benny&Co.)

Les familles sont une partie importante de l’industrie. Nous en citons quelques-unes, mais nous reconnaissons le travail de chacune d’entre vous.


 
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