Des RPA de plus en plus financiarisées ?
Groupe Sélection, Groupe Maurice, Cogir et Chartwell, les quatre grandes chaînes de résidences privées pour aînées (RPA) au Québec, ont connu une croissance fulgurante dans les dernières années et occupent aujourd’hui une part de marché très importante.
Selon le rapport de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), le modèle d’affaires des trois premières serait basé sur des partenariats étroits avec de grandes multinationales financiarisées. Elles auraient adopté des structure de propriété complexes et des stratégies typiques des grandes entreprises financiarisées. Par exemple, la structure de propriété de la résidence Cogir Manoir Outremont compte 31 organisations à travers le monde.
Malgré les risques engendrés, les RPA sont grandement financées par les fonds publics. Depuis 2007, elles auraient obtenu près de 5 milliards de dollars en financement par le biais du crédit d’impôt remboursable pour le maintien à domicile des aînées. Et en 2021, elles devraient recevoir près de 530 millions de dollars, ce qui représente près du tiers du budget total que le ministère de la Santé et des Services sociaux consacre au soutien à domicile des personnes âgées en 2020-2021.
L’achat de services par les établissements publics du réseau sociosanitaire représente des dépenses d’au moins 197 millions de dollars depuis 2015, dont plus de 77 millions de dollars pour l’année la plus récente, et la tendance est à la hausse dans plusieurs régions. Près de 50 % des nouvelles sommes annoncées dans le budget 2021-2022 pour bonifier les services à domicile seront empochées par les RPA, soutient l’IRIS. Il dénonce le peu d’encadrement et certaines pratiques informelles, qui n’impliquent aucun contrat écrit, même pour des valeurs supérieures à 100 000$.
