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Point de vue

Est-ce la fin des restaurants ?

 
3 décembre 2024 | Par Robert Dion

Par définition, un restaurant est un établissement où l’on peut consommer des plats préparés servis à table moyennant un paiement. Mais est-ce encore la norme ?

Si l’on considère aujourd’hui que les consommateurs se nourrissent hors domicile de façon de plus en plus diversifiée, à des heures de moins en moins régulières et dans des lieux de plus en plus inhabituels, alors la définition de restaurant devra changer. Devrions-nous dorénavant parler d’« établissement de consommation hors domicile », de « fournisseur alimentaire » ? Le terme grocerant (fusion entre grocery et restaurant en anglais) existe déjà.

Pour ma part, je défends depuis plusieurs années le concept des six axes. Cela comprend une segmentation des activités de restauration en take out, livraison, prêt-à-manger, service traiteur, offre au détail et parfois salle à manger ! C’est une vision que le plus simple des commerces à fournir des repas devrait considérer. Cette réalité ouvre la porte à plusieurs formules non traditionnelles où l’on pourra offrir des repas, des expériences et des occasions de snacking, tous des produits jadis offerts dans un restaurant au sens propre.

La fin de la restauration traditionnelle n’est pas pour demain, mais il faut désormais voir votre établissement différemment, vous adapter pour répondre à la concurrence désormais de plus en plus directe des épiceries, dépanneurs et divers endroits qui offrent à manger autour de vous. On n’a jamais autant mangé hors domicile et autant de fois par jour… S’adapter aux nouvelles habitudes de consommation, c’est mieux performer !

Robert Dion, éditeur
[email protected]

 
 
Dossier

Savez-vous attirer les personnes qui mangent en solo ?

 
22 novembre 2024 | Par Bastien Durand

Maintenant que la pandémie a bousculé les habitudes de consommation et que le télétravail a incité les gens à moins se déplacer au quotidien, de plus en plus de personnes choisissent de s’offrir un moment en solitaire au restaurant. Facilité par un design adéquat, l’accueil des clients accompagnés d’eux-mêmes demande d’être à l’écoute de leurs besoins et envies.

La tendance du repas en solitaire au restaurant s’accroît. Selon la plateforme de réservation en ligne OpenTable, les réservations en solitaire au restaurant ont bondi de 29 % depuis deux ans, aux États-Unis.

Reflet de la société postpandémie et des changements de comportements plus mondiaux, le repas en solo au resto n’est plus socialement vu comme un choix par défaut mais une décision personnelle. En 2022, dans une étude de marché réalisée par la firme Mintel auprès de 1200 consommateurs américains, 60 % disaient se sentir à l’aise de manger seuls dans un restaurant « à service décontracté » ou casual dining.

Dans une entrevue pour CNN Business fin août, Robin Chiang, directeur du développement d’OpenTable, expliquait que les solo diners considèrent en premier lieu le repas en solitaire comme « un moyen de se détendre et de se faire plaisir » en s’offrant un moment privilégié. À partir de données collectées en 2019, le Pew Research Center, un centre de recherche dont le siège social se trouve à Washington, montre que la tendance pourrait s’expliquer par l’augmentation du nombre de personnes vivant seules dans nos sociétés. Alors que 29 % des adultes américains de 25 à 54 ans vivaient seuls en 1990, ils sont 38 % en tout, 29 ans plus tard. Enfin, l’augmentation des voyages en solitaire après 55 ans entraînerait également une augmentation des repas pris en solo au restaurant, selon l’étude.

Même Le guide Michelin s’empare de la question. Les célèbres inspecteurs notent une « tendance croissante » des repas en solo et offrent des conseils aux voyageurs pour que l’expérience soit la plus agréable possible. « L’important est de se sentir à l’aise dans son environnement », résume l’article publié sur le site du guide en 2023.

Une demande peu visible

Interrogés sur cette tendance, les restaurateurs du Québec ne sont pas surpris mais ne constatent pas pour autant une recrudescence du nombre de personnes qui viennent manger seules dans leurs établissements. « C’est difficile à dire », répond un maître d’hôtel du restaurant montréalais Le Filet. « Je dirais que c’est deux ou trois personnes par semaine. C’est assez anecdotique pour nous, mais très régulier, poursuit-il. Cela n’empêche pas de les accueillir comme tout le monde ».

Avec un livre comme compagnon, leur téléphone intelligent parfois ou rien du tout, les personnes seules profitent de leur expérience au restaurant à leur façon. Majoritairement, celles-ci veulent savourer « à fond » l’expérience culinaire mais aussi l’ambiance et l’environnement qui les entoure. Ainsi, ces derniers sont généralement plus enclins à poser des questions au personnel.

Pour Eric Girard, l’un des copropriétaires d’Olive et Gourmando, qui vient d’ouvrir une deuxième succursale dans le nouveau centre commercial RoyalMount à Montréal, il n’y a « aucun problème » à recevoir des clients qui viennent seuls. « Mais nous ne nous focalisons pas là-dessus pour autant. »

« Nous n’avons pas de règles particulières pour les personnes seules, évoque le maître d’hôtel du Filet. On profite des interactions potentielles en s’assurant de la qualité du service. » Être naturel semble être la bonne posture à adopter pour accueillir des personnes non accompagnées. « La majorité d’entre elles vont venir s’asseoir au bar, mais quelques-unes réservent une table », souligne-t-il.

Un aménagement favorable

Peu importe la manière dont on analyse le fait de manger en solo et la perception que l’on en a, les établissements ont un intérêt à créer un espace accueillant et approprié pour cette clientèle. « Personne ne veut avoir l’impression de détonner parce qu’il soupe seul », mentionne une publication de la plateforme Lightspeed fin août, pour attirer l’attention des restaurateurs sur le « phénomène ». La tendance représente des occasions d’affaires non négligeables.

« On peut influencer les interactions entre les gens dans un espace », mentionne Zébulon Perron, fondateur et directeur créatif du cabinet d’architecture d’intérieur québécois qui porte son nom. La façon d’aménager un restaurant aide les personnes qui viennent seules à s’y sentir bien. « Les personnes seules veulent aussi vivre une expérience comme n’importe quel couple, groupe d’amis ou collègues de travail en dîner d’affaires », explique l’entrepreneur, qui collabore depuis plusieurs années avec des hôtels et des restaurants pour créer des espaces « conviviaux et rassembleurs ».

Le pilier du restaurant, c’est le bar. « Quand on veut dynamiser un lieu, dégager le bar du mur, c’est très important. Les gens peuvent se voir, et les interactions sont plus propices ». Il prend l’exemple à Montréal de la Buvette chez Simone, qui constitue, pour lui, un précédent dans son approche. « Le projet a décomplexé le concept de bar à vins. Bien réfléchi, l’aménagement peut favoriser les interactions entre les gens », constate-t-il.

C’est à la fin des années 2000 que l’on voit apparaître une variété d’expériences « culinaro-spatiales désenclavées et socialement débridées » comme le souligne le blogue le fooding sur le sujet : l’assiette au comptoir du bar, sur le canapé, à la table commune, sur le banc extérieur ou à la fenêtre… Pour Zébulon Perron, une « sorte de restauration s’est développée depuis plusieurs années, entre bar et restaurant, qui rend beaucoup plus favorable l’expérience pour des personnes qui vont se planter seules ».

Il est important de prévoir des espaces stratégiques pour accueillir les clients seuls en exploitant de petits espaces et toute la largeur du bar. Dans la nouvelle succursale d’Olive et Gourmando par exemple, un îlot central permet de s’asseoir à deux, mais aussi seul. « Il est important d’avoir des aménagements flexibles qui permettent d’accommoder ces gens-là, répond Eric Girard. C’est devenu indispensable de penser ces espaces. « Les personnes seules n’ont pas forcément envie d’interagir directement avec un autre client ou le personnel : des recoins plus intimes permettent de mettre un couvert et rentabilisent l’espace en plus », ajoute-t-il.

Pour Zébulon Perron, exister dans la sphère publique est un besoin fondamental. « On va aussi au restaurant pour voir, explique-t-il. Faire l’effort de se déplacer, d’être avec des gens est tout aussi important que l’expérience culinaire ». Même seul. •

 
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