Nouvelle réalité des pourboires : ce qu’il faut retenir de notre webinaire

La nouvelle loi 72 modifie la gestion des pourboires qui doivent désormais être calculés avant taxes. Autour de trois intervenants, à savoir, Sara Emilie Corbin, directrice des opérations pour la Voie Maltée, Karen Therrien, copropriétaire du Groupe La Tanière et Pierre Moreau, président-directeur général de Restos-Plaisir (Grandio), la discussion porte sur les diminutions de salaire des employés à pourboire dans leurs établissements, mais évoque aussi la grande résilience de l’industrie.
« Il y a une diminution. On voit déjà en deux semaines ce que ça peut faire », débute d’emblée Sara Emilie Corbin, directrice des opérations de la Voie Maltée. Elle constate une diminution des salaires de 1 à 2 % de pourboire pour ses employés. Mais pour elle, ce qui s’apparente à une moins bonne rémunération à court terme, c’est davantage une adaptation de la part du consommateur. « La régularisation se fera avec le temps », pense-t-elle.
Par ailleurs, la Voie Maltée souligne que la nouvelle loi vient en même temps qu’une augmentation des prix sur le menu qui est en cours. L’impact attendu sur la diminution des salaires à pourboires est donc relativement minime, selon Sara Emilie Corbin.
Pour le Groupe La Tanière, qui possède plusieurs établissements avec des factures moyennes différentes selon les adresses (Tanière 3, l’Orygine, Légende, et Vieux Carré), la copropriétaire Karen Therrien souligne également que les pourcentages sont sensiblement les mêmes à la fin. De la même manière que la Voie Maltée, « les prix de nos menus ont augmenté pour faire face aux augmentations diverses et notamment les hausses de salaire que le gouvernement nous envoie à toutes les années et les hausses des coûts des produits, explique-t-elle. Et rien à voir avec les étoiles Michelin », tient à préciser Karen Therrien.
« On en entend plus parler dans nos journaux que dans nos restaurants de cette nouvelle loi », signale Pierre Moreau, président-directeur général de Restos Plaisirs. « Oui, ça a un impact, mais c’est extrêmement minime », estime-t-il. Avec les augmentations de prix sur les menus liés à l’inflation, et l’achalandage de la saison estivale, il n’y a pas de baisse significative pour lui.
Uniformisation des conventions de pourboire
L’enjeu reste là. Y a-t-il des questionnements autour des conventions de pourboires suite à cette loi ? Les trois intervenants se rejoignent sur un point : l’impact négatif de la loi sur les salaires des employés à pourboire reste minime sur le long terme. Les enjeux sont aujourd’hui sur l’uniformisation des conventions de pourboire entre les établissements. « Je pense que cette loi ne règle pas tout, je pense notamment aux conventions de pourboires avec des problèmes d’équité », mentionne Pierre Moreau. « C’est très complexe à régler », note-t-il.
Si selon Pierre Moreau, les salariés de sa soixantaine de restaurants n’ont pas trop réagi, la nouvelle loi 72 a fait plus de remous au sein des équipes de la Voie Maltée. « On a vécu un peu la tempête… on en a entendu pas mal parler, indique Sara Emilie Corbin. Que ce soit le personnel, les clients, il y a eu pas mal d’anxiété par rapport à ça ».
Parmi les trois gestionnaires présents lors du webinaire, de 4 à plus de 60 restaurants chacun, il y a une convention de pourboires par établissement. C’est compliqué à gérer pour tous. « En tant qu’employeur nous n’avons pas notre mot à dire. On essaye toutefois de dialoguer avec nos équipes par rapport au travail d’équipe. Chez nous, il n’y a pas eu, pour le moment, de mention de réouverture des conventions à pourboire liée à la nouvelle loi », assure Karen Therrien.
De toute évidence, cette loi est plutôt bien accueillie dans l’industrie, du point de vue des gestionnaires d’établissements. « Le gouvernement commence à adresser les choses », note Pierre Moreau. Tous les trois sont aussi convaincus que le pourboire doit rester un pourboire. L’inclure dans la facture, comme certains l’ont expérimenté, n’est pas dans la norme.
« Je me vois mal, avec les types d’établissements que j’ai, qui font vivre une expérience client, imposer un pourboire sur la facture alors que le client n’a peut-être pas vécu l’expérience qu’il aurait voulu vivre », répond Karen Therrien du Groupe La Tanière. Pierre Moreau abonde dans ce sens : « Pour moi, le pourboire est discrétionnaire, ça reste une partie discrétionnaire qui appartient au client ».
Avoir un dialogue avec les employés est primordial selon eux. « Au final, c’est un équilibre à trouver avec nos employés ».
Pour réécouter le webinaire au complet, c’est ici.